Un fantasme peut-il être raciste ?
Je m’attaque à un sujet épineux : le fantasme et ce qui le construit. Nous ne pouvons pas sortir nos fantasmes sexuels du contexte duquel ils sont issus et c’est en partant de ce principe que je me suis demandée dans quelle mesure nos fantasmes étaient racistes.
Je t’avoue que je ne me suis pas levée ce matin en me disant que j’allais aborder ce sujet sur un coup de tête. En réalité, la réflexion que je propose aujourd’hui est née en réaction à une polémique sur twitter. Je dis polémique, mais le mot est faible.
Rokhaya Diallo, journaliste ex-militante féministe et engagée contre le racisme, a récemment partagé sur son compte twitter un article de GQ portant le titre : Est-il acceptable d’avoir des fantasmes sexuels racistes ?
On repassera pour le titre aguicheur, qui ne rend pas compte du propos tenu. En réaction à ce tweet, une “sexologue” (qui a depuis fermé son compte Twitter) a dénoncé une forme de police des fantasmes avant de s’attaquer personnellement à Rokhaya Diallo avec des propos racistes.
Ce que je retiens de la polémique
Je condamne bien entendu les propos de cette sexologue et j’espère que l’affaire sera saisie par la justice si Rokhaya Diallo l’exige. Le racisme ne doit pas être toléré.
Le racisme et les vives réactions suscitées par cet article m’ont fait prendre conscience de certains faits. J’ai ainsi pu remarquer que :
- Les gens confondent les fantasmes, la pornographie et la vie sexuelle
- Questionner les fantasmes ne veut pas dire les censurer (c’est un peu utopique de croire que c’est possible)
- Notre pays et nos sociétés occidentales ont un inconscient raciste encore très fort
Voilà pourquoi j’ai eu envie d’aborder le sujet. Loin de moi l’idée de moraliser ou de vouloir censurer des fantasmes. Ce qu’il se passe dans nos têtes n’appartient qu’à nous. Il s’agit de notre sphère intime et je ne cherche pas à remettre cela en cause.
Cependant, je pense qu’il est intéressant de se questionner sur ce qui construit nos fantasmes. Comme ça, tranquillou, sans chercher à pointer du doigt qui que ce soit. Tu es donc lae bienvenu.e dans les commentaires pour en discuter !
Ce que l’histoire nous apprend sur PornHub et nos fantasmes
PornHub publie chaque année des statistiques sur sa plateforme. L’image ci-dessous montre les 10 mots clefs les plus recherchés par les français.es lorsqu’ils vont sur PornHub. En quatrième position, le terme “beurette”. Dans le top 5 des catégories, “ebony” qui signifie “ébène” et met en scène des actrices noires soumises par des hommes blancs. En number one des catégories relatives : arabe. Commençons justement par ce terme si étrange : “beurette”.
La beurette, symbole d’intégration
Si tu tapes “beurette” sur le net, tu vas tout de suite tomber sur des vidéos pornographiques. Il faut donc bien croire que ce terme revêt une connotation très sexuelle. Dans les années 80, le mot “beurette” était politiquement correct. Il était principalement utilisé afin de souligner le degré d’intégration d’une française issue de l’immigration.
Actuellement, il s’agit d’une insulte, se rapprochant de salope. Les termes beurette et salope sont d’ailleurs souvent associés. La pornographie a le don, dans sa manière de titrer ses films notamment, de gommer la femme bien réelle derrière l’écran avec des insultes : pute, salope, beurette, catin…
Ce sont souvent des mecs qui démontent de “superbes salopes”, par exemple.
On pensait (on pense encore) que les personnes originaires du Maghreb et particulièrement les femmes seraient plus compliquées à “intégrer” en France, du fait de leur religion. La “beurette” est l’occasion parfaite de démontrer que l’intégration à la française est efficace !
C’est une femme qui a une sexualité libérée, qui s’habille comme une “française” et dont le mode de vie est semblable au mode de vie occidental. Les politiques d’intégration françaises ont instrumentalisé cette image pour servir leurs intérêts.
Selon eux, il faudrait libérer les femmes du carcan de leur religion et de leurs origines. Ah naaan ce n’est pas absolument pas du tout colonial et réducteur comme idée……..
Des idées… post-coloniales
La France fut une grande puissance coloniale et nous, français, portons encore des marques de ce passé, dans notre culture et notre manière de voir le monde. La “beurette” n’est pas une image sortie d’une placard random. Elle remonte au XVIIIe siècle où déjà des peintres partaient découvrir l’Orient, cet ailleurs qui resta un fantasme pour beaucoup. Dans les représentations de ce mouvement pictural, les femmes occupent une grande place.
Le voile des femmes orientales intrigue : le drapé est suggestif. L’homme blanc, le colon fantasme sur la femme onirique et splendide, recouverte d’un voile. A leurs yeux, la femme voilée est érotique. Les représentations des harems sont très éloignées de la réalité : on représente des orgies, des femmes dans des positions lascives, nues.
Tout se joue dans ce contraste voilé / dévoilé. Et dévoiler une femme, c’est la dominer. La mettre à nue, c’est la posséder sous couvert de la protéger de ses frères, de ses pères aveuglés par leur religion.
Les hommes n’aiment pas les femmes voilées, car elles sont supérieures à eux. Le voile leur donne le pouvoir de regarder sans être vues.
En partant du principe que l’Orient était un exotisme, les peintres orientalistes ont façonné une image complètement biaisée de l’Orient. Il se voudrait opposé à l’Occident. Confondant fantasme et réalité, ne pouvant observer une culture différente sans racisme ni jugement, ils ont façonné un fantasme de l’Orient.
C’est ce fantasme qui perdure encore dans nos films pornos et, bien au-delà, ces questions se retrouvent lorsque l’on parle du voile en Occident, des communautés d’immigré.es ou des questions d’intégration.
Je me permets de citer Savarèse : “les Maghrébines ne font pas naturellement l’objet d’une charge érotique plus forte que les autres femmes indigènes : ce sont les sociétés dans lesquelles elles évoluent et le fait qu’elles y soient largement couvertes et cachées qui provoquent, chez les observateurs de la France coloniale, de telles inventions fantasmatiques“.
La beurette, c’est donc une femme issue de l’immigration, dépucelée par un blanc.
Raciste ou pas ?
On peut fantasmer sur une femme ou un homme noir.e, un.e arabe sans que cela soit raciste. Exemple très simple : je peux fantasmer sur mon compagnon noir, car je le trouve beau et qu’il m’excite énormément. Cela n’a rien de raciste.
Ce qui est révélateur de notre passé colonial, c’est de fantasmer sur une “beurette“, un.e noir.e pour leur symbolique. Non pas fantasmer sur un.e arabe, mais sur l’image de l’arabe, biaisée par le racisme : la femme soumise que l’on va dépuceler, pour la libérer de l’emprise de la religion et ses pairs machistes. Sur l’image du noir au gros membre, bestial et animal.
Ce qui est intéressant, je le rappelle, c’est de questionner, pas de censurer, parce que de toute façon, on ne peut pas censurer ce qui nous fait du bien sexuellement. Mais on peut essayer de le comprendre pour voir les choses autrement et peut-être faire évoluer ses fantasmes. Oui, nos fantasmes sont des constructions et si nous pouvons les construire, nous pouvons également les déconstruire.
La première étape reste le questionnement.
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Nos fantasmes créent une demande de films pornographiques
Je me suis donc posée la question légitime du porno. Devrions-nous arrêter de regarder des films pornos racistes ? Quand tu consommes un produit, peu importe lequel, tu envoies un message à celui qui te permet de consommer ce produit : hey j’aime ça et je vais sûrement en consommer encore.
Si Georgette fantasme de se faire dominer par un homme noir très bestial au gros pénis, elle va sûrement être amenée à taper ces mots clefs sur un site pornographique. Georgette n’étant pas seule et beaucoup de gens ayant des fantasmes similaires, ces fantasmes vont créer une demande.
C’est là que ça peut poser problème, à mon sens. En encourageant ce type de scripts, on encourage les stéréotypes et des scènes racistes à se multiplier. Je ne sais qu’une chose : ce n’est pas en supprimant les pornos racistes qu’on supprimera les fantasmes racistes. Le travail de fond se fait dans sa tête en se posant des questions.
Pour ce qui est de continuer ou non à regarder ce type de pornos, je te laisse trouver la meilleure réponse pour toi-même !
Cet article t’a interpellé.e ? Ouvert les yeux ? Te choque ou te plaît ? Dis le moi dans les commentaires pour qu’on sexplique ♥
Photo on Foter.com
7 commentaires
JPaul
Bonjour,
J’avais commencé à répondre sur le fond de commerce de mme Diallo et sur la jeune personne voilée qui illustrent et motivent votre propos; il y aurait beaucoup à dire (pas sur votre choix bien sur) mais finalement c’est hors sujet, la nuit porte utilement conseil.
Que dire? D’abord il est très facile de collecter des données “directes” et de les publier pour servir ses propres intérêts, et les diffuseurs de contenus sont un peu gonflés de le faire; il y a des vidéos avec des personnes différentes dans leurs genres, la couleur de leur peau, leurs morphologies et tout ça devient des critères de tri et de choix (on peut le regretter mais c’est ainsi) sans pour autant qu’on puisse parler de racisme. L’être humain est divers, varié, et si on veut éviter ces demandes ciblées il faut en rester aux récits pornos écrits ou parlés excluant toute référence aux catégories citées: un petit tour chez Xstory montre que ça fonctionne aussi.
Ensuite une statistique plus difficile a établir pourrait être intéressante mais ne servirait pas leurs intérêts: quelle est la proportion de recherches qui tentent de cibler les contenus où il n’y a pas d’insulte, pas de violence, pas de sourires forcés d’acteurs ou actrices contraints d’accepter des pratiques qui engendrent des souffrances? On serait certainement surpris de constater que le fantasme, le plaisir retiré, sont d’autant plus intenses que la ou les personne(s) regardée(e) prend ou se donne vraiment du plaisir, et on pourrait aussi cibler des critères de choix qui vont dans ce sens.
Pour ma part, j’ai arrêté de suivre Mme Diallo car le message qu’elle essaye désespérément de faire passer, son fond de commerce, est une insulte envers tous ceux qui vivent ensemble qu’elle que soit la couleur de leur peau, leur genre ou leur origine. Quant à la “beurette”, pour moi, elle n’est justement pas voilée, et celles qui le sont et qui détournent le regard quand, par exemple, je m’écarte aimablement et avec le sourire, comme pour quiconque, pour les laisser passer avec poussette et enfants, m’insultent d’une certaine manière aussi mais c’est un autre débat…
Bonne continuation, je garde du plaisir à vous lire
JPaul
Bonjour Masha,
Je continue sur ce sujet en me centrant cette fois ci sur ton article:
Les chiffres montrent des requêtes faites, je suppose, depuis le territoire français.
Ils n’indiquent curieusement pas le nombre de requêtes portant uniquement sur des pratiques sexuelles plutôt que sur tel type de personnes. Quand on voit les listes de mots clefs qui sont proposés et mis en avant sur ces sites (pas forcément sur ce site) , on peut s’interroger sur la valeur des chiffres annoncés, mais bon, on va faire avec.
Ils ne font également pas état des hommes blacks qui sont quasi omni présents sans qu’on ait besoin de taper un mot clef.
Bref, parler de racisme, et le lier à un post colonialisme dont les jeunes n’ont que faire, supposerait que seuls des hommes blancs regardent du porno, hommes blancs qu’on ne taxera pas de racistes s’ils regardent des femmes blanches (déjà on plonge dans les clichés) et, bien sûr ils seraient les seuls à faire des recherches exotiques et racisées
L’homme non européen ou non “blanc” vivant sur le territoire français serait donc une “oie blanche” (désolé 🙂 ) et ne regarderait jamais de porno, ou se contenterait de la femme blanche qu’on lui servirait par défaut? Ou alors il ne rechercherait jamais de femmes lui ressemblant?
Quand on sait l’addiction qu’ont les hommes issus de l’immigration et de culture arabo-musulmane au porno (au moins autant que les autres ;), et leur nombre sur le territoire (je ne compte pas les connexions VPN venant d’ailleurs), et si on y ajoute le nombre d’hommes de couleur, français ou non, présents sur le territoire, on peut commencer à émettre de sérieux doutes sur l’utilisation qu’on peut faire de ces chiffres.
Quant à l’industrie du porno, elle fait preuve d’imagination pour proposer des centaines de mots clefs racoleurs dans les quels le consommateur, ou la consommatrice, n’à qu’à faire son “marché”
Autre angle de vue: le consommateur de porno peut aussi, tout simplement, être séduit par tel ou tel type de personne, comme dans la vraie vie, sans pour cela être taxé de racisme.
est-on plus raciste lorsqu’on est séduit par une jolie blonde, une brune “piquante” (allez, les clichés…), une africaine à la peau d’ébène, une jolie asiatique, une belle maghrébine?
Est on raciste lorsqu’on prend plaisir à voir et écouter telle présentatrice tv trés certainement d’origine nord africaine, charmante au demeurant, pour son immense culture et son professionnalisme? Est ce que ceux qui suivent mme Diallo le font pour ce qu’elle a à dire ou pour la couleur de sa peau?
Aimer la différence est-ce être raciste?
Bref, je propose qu’on arrête de voir du racisme partout
Merci pour cet espace d’expression 😉
Masha
Bonjour,
Je choisis donc de répondre ici pour l’ensemble des commentaires que tu as laissés. Mme Diallo n’étant pas le sujet de l’article et ne la connaissant que trop peu, je m’avancerai pas dans ce débat.
Je vais me contenter de te répondre sur les points qui concernent directement les idées que j’avance.
En effet, la photo que j’ai choisie d’intégrer sont les recherches françaises. Si tu cliques sur la source, tu trouveras l’intégralité des statistiques. Je m’intéresse uniquement au phénomène français.
Je te propose d’utiliser le terme “noir” et de dire les “hommes noirs”. N’ayons pas peur d’utiliser les bons mots. Tu sous-entends que les hommes noirs sont omni-présents dans le milieu du porn ? Et que c’est étonnant de ne pas trouver de recherches y faisant référence ?
–> Les performeurs noirs ne sont pas vraiment omniprésents dans le porn français / occidental. Le plus souvent, les acteurs sont blancs.
–> Tu as la requête “ebony”, “ébène” très utilisée qui renvoie à des films d’hommes noirs qui dominent des femmes blanches / des femmes noires soumises à des hommes blancs.
Comment peux-tu affirmer que les jeunes n’ont que faire du post-colonialisme ?
De plus, même si les jeunes s’en fichent, la réalité est telle : nous vivons dans une époque post-coloniale. Nous avons colonisé de nombreux pays et participé à la traite des noirs. Ce n’est pas si vieux. Beaucoup de personnes pourront témoigner de ce que l’on a fait subir à leurs grands-parents / parents.
Il ne faut pas croire que le racisme a disparu parce qu’on a déclaré que c’était intolérable. Sinon le système patriarcal et le sexisme auraient disparu aussi. 😉
Ensuite, tu redis ce que je dis déjà. Ce qui est raciste, ce n’est pas de fantasmer sur une femme noire. Ce qui est raciste ce n’est pas de fantasmer sur une femme arabe.
Ce qui est raciste, c’est d’utiliser 1) le mot beurette 2) pourquoi on fantasme dessus
Si tu fantasmes sur un noir parce que pour toi il symbolise une animalité, une bestialité et un gros chibre, c’est raciste. Les noirs ne sont pas plus “sauvages” que les blancs et ils n’ont pas de plus gros membres. Ce sont des clichés issus………. de la colonisation et de l’esclavagisme !
Ce n’est pas parce que c’est “fini”, que les idées ne perdurent pas.
Comme je le précise, non ce n’est pas raciste de fantasmer sur une personne noire parce que sa différence nous attire, parce qu’on la trouve belle. 😉
L’idée de l’article, c’est de questionner le fantasme.
Ensuite, de la même façon que je source et que je documente mes arguments, je te demanderai de sources tes arguments :
–> les hommes issus de l’immigrations, de culture arabo-musulmane sont au moins plus addicts que nous au porno ? Ah bon ?
–> les musulmans représentent 7,5% de la population française. Les immigrés, site du gouvernement : https://www.gouvernement.fr/10-chiffres-qui-vont-vous-surprendre-sur-l-immigration-en-france
Ils sont ridiculement peu et contrairement à ce que l’on croit, ils sont pour la plupart diplomé.es.
En fait, de nombreux français issus de l’immigration (notamment ceux qui ont des racines au Maghreb) véhiculent des préjugés racistes en utilisant le terme “beurette” pour dénigrer les femmes qui refusent de coucher avec eux, de leur prêter attention.
Comme dans tout système oppressif, les victimes véhiculent également les idées oppressives. Dans le cas du machisme, on a des femmes machistes. Sauf que la victime véhicule les idées oppressives au détriment de sa propre personne, sans en avoir conscience.
Encore une fois pour répondre aux derniers mots, cet article a pour but de questionner : pourquoi fantasme-t-on sur la “belle blonde” (je cite) ? Pourquoi le blond est-il un fantasme commun à beaucoup d’hommes ? Quels sont les origines d’un tel fantasme ?
En conclusion : Il faut se questionner sur la différence que nous aimons, car les idées et concepts qu’elle fait émerger en nous sont rarement anodins et font écho auprès de nombreuses personnes. Dès lors, il est urgent de s’interroger sur nos fantasmes afin de déconstruire des idées inconsciemment racistes et / ou sexistes.
JPaul
PS: tu l’auras compris: pour moi fantasme est synonyme de “prendre et donner du plaisir” alors que racisme suppose domination, mépris, etc.
Voilà pourquoi j’ai beaucoup de mal à les associer, mais je reste réaliste, l’offre à phantasmes n’est pas toujours reluisante, et, hélas comme tu le dis si bien, c’est bien la demande qui en provoque la production…
Bien à toi,
Masha
Les fantasmes sont propres à chacun et prendre sa définition personnelle pour une généralité est rarement un bon point de départ.
Quid des fantasmes de viol ?
De domination ? De soumission ?
De violence ?
Lorsqu’ils sont consentis, on parle assurément de plaisir, mais l’idée est encore et toujours de s’interroger sur leur source. D’où vient cet imaginaire érotique ?
JPaul
j’ai vu passer un post sur Tw, qui ne m’était pas directement adressé et qui disait d’une manière un peu violente que le mot “beurette” est raciste: oui, pas forcément méchant selon le vécu de chacun, mais à connotation raciste assurément! et pas très élégant de surcroit, et même si on n’aime pas l’utiliser il a quand même pollué les médias pendant longtemps et ça laisse des traces… l’auteure était peut être concernée et, à la réflexion, je la comprends…
JPaul (@jazz_n_rock)
Bonjour,
J’ai pris connaissance de ta longue réponse cette nuit et je t’en remercie vivement; (bien après mon dernier message en fait)
Sur la prise de conscience du fantasme, je me rends compte que, après lecture de nos échanges, je ne suis pas concerné et j’aurais certainement du éviter le sujet, mais bon, c’est fait:
les miens (désolé de devoir me livrer un peu) ne portent pas sur la couleur de la peau ni l’origine ethnique des participant(e)s.
J’ai vécu (encore une info perso, c’est la dernière, promis) en Afrique deux ans étant très jeune et, depuis, les gens de peau noire (et autres) font partie intégrante de mon monde sans distinction, et la couleur de la peau n’a aucune importance, pour quoi que ce soit. Avant de me retirer du débat il me semblait important de terminer cette conversation en me concentrant sur ce que tu as écrit.
Il était question de fantasme raciste ou pas: je connais les chiffres que tu as précisés; je me posais simplement la question suivante : lorsqu’un “Beur” recherche une “Beurette” (décidément je déteste ces deux mots) est-ce une recherche raciste ou pas? J’en étais là quand je suis tombé sur un article très long et très documenté sur la femme telle qu’elle est représentée en illustration, et qui, par contrecoup, proposait une formulation, celle de “racisme sexiste” (qui s’exerce à l’encontre de la femme, parce qu’elle est femme, de plus au sein d’une même communauté).
(C’est hors sujet mais je tiens le lien à ta disposition.)
Il est aussi question de Post-colonialisme: En effet on n’effacera pas les effets du colonialisme en détournant le regard et il est important que les livres scolaires en livrent la réalité vraie. On doit aussi avoir un regard bienveillant mais pas paternaliste sur ceux qui en subissent encore les effets.
Mais je ne peux pas parler de ça en gardant le regard concentré uniquement sur la France. Si les pays dominants ont façonné et découpé les contrées dominées et asservi leurs populations exclusivement en fonction de leurs intérêts, et si l’on prend en exemple les pays du Maghreb, aujourd’hui un autre mal les ronge et tue leurs femmes (et c’est eux/elles qui le disent dans leurs blogs et autres pages FB, je me documente à la source), c’est l’idéologie sectaire (salafisme) importée il y a quelque siècles depuis l’autre rive de la mer Rouge puis de l’Égypte de la part de peuples qui avaient auparavant inventé la traite des noirs à grande échelle, bien avant le Portugal et les pays du nord de la méditerranée. Parfois je trouve fort de café que leurs lointains descendants nous donnent aujourd’hui des leçons…
Et je suis fatigué de devoir me flageller parce que je suis un homme (potentiellement sexiste), originaire d’un pays colonisateur (mais fils d’immigrés lui aussi…);
Nos religions respectives, je parle pour ceux et celles qui en ont été affublés à la naissance, nous flagellent suffisamment, merci 😉
Bien entendu, je n’essaie pas de convaincre, ce serait bien prétentieux de ma part, juste tenter d’expliquer mon propos qui vaut … ce qu’il vaut ;
Je vais terminer sur ton dernier paragraphe: tu as raison quand tu dis qu’il ne faut pas prendre sa définition personnelle comme point de départ; et ce que je vais dire vaut pour tous les sujets que tu traites si bien, et auxquels je serais tenté de répondre:
Un(e) blogueur ne l’est pas par hasard, il effectue un travail sérieux, documenté, avec le recul nécessaire, c’est ton cas, et il invite ses lecteurs à réagir, ce qui est louable et compréhensible.
Il se trouve que les lecteurs (c’est mon cas) ne sont pas tous spécialistes en tout et avec le recul qui s’impose; ils n’ont souvent à proposer que des réponses basées sur leur propre vécu (c’est hélas mon cas aussi). Ça pose deux problèmes: le premier c’est celui qui vient d’être évoqué plus haut à juste titre; le deuxième c’est que son propre vécu, surtout dans les questions portant sur la sexualité, peut facilement concerner ou “mettre en scène” le compagnon ou la compagne, et là je me dis (je me réveille en fait 😉 halte là, je n’ai pas le droit!
Bon j’essayerai quand même de participer, mais après cette prise de conscience ce ne sera pas facile 😉