une femme tient une pancarte me too
corps,  sexo

T’es bonne… connasse !

Laquelle d’entre nous n’a pas déjà entendu ce genre de phrases dans la rue ? Souvent, derrière ces mots, il y a un homme cis-genre très imbu de lui-même au regard vide d’intelligence. Souvent, on ne répond pas, on trace notre chemin.


J’ai conscientisé le harcèlement de rue il y a trois ans seulement. Avant, je ne prenais pas les autres femmes au sérieux. “Ca va, faut pas abuser, une ou deux remarques de temps en temps c’est pas grave, ça tue personne”.

J’étais déjà victime de harcèlement de rue, mais je ne réalisais pas que c’était grave. Puis, je suis partie à Paris trois semaines pour passer des examens. J’ai quitté ma petite ville de campagne et je me suis confrontée à la crème de la crème civilisationnelle – ce qu’il y a de mieux en terme de raffinement et de cruauté. En bref, un subtil condensé d’humanité.

Tu vas où ?

Ce sont les premiers mots que l’on m’adresse dans la station de métro devant la gare de Lyon. Comment ça je vais où ? Je ne comprends pas. L’homme a un sourire en coin. Ce n’est pas un étranger en guenilles et à l’accent inconnu venu voler notre travail : c’est un homme, blanc, bien habillé, à l’accent français très net.

Les harceleurs n’ont pas de couleur de peau, pas d’habits, pas de sourire, de profession ou de catégorie sociale particulières. Beaucoup pensent à tort que ce sont les “autres” les méchants, que les harceleurs sont des “malades”, des “monstres”, mais les harceleurs, ce sont tes potes, tes voisins, tes frères...

Ils sont du commun des humains. Le seul point commun qu’ils ont, c’est leur genre : dans la majorité des cas, le harceleur est homme et la victime femme.

Belle, moche, fine, grosse, maigre, obèse, jeune, vieille, en jupe, en jogging, avec un voile, des tongs, nue, en tailleur, poilue, très bien épilée, maquillée, pas démaquillée depuis trois jours, journaliste, femme de ménage, maman, les victimes n’ont pas de profil type non plus.

T’es trop bonne !

On associe à tort les propos déplacés dans la rue à des tenues particulières. Les femmes harcelées seraient en jupes, très maquillées et sur des hauts talons. Mais le harceleur n’est pas un dragueur : il ne cherche pas à séduire, à communiquer ou à entrer en empathie. Il est violent et exerce sa domination sur une femme qui ne lui opposera pas de résistance.

La tenue n’a rien à voir avec le harcèlement. Une jupe ne justifie EN RIEN des propos indécents. Toutes les femmes devraient pouvoir se balader nues dans la rue sans crainte d’être violées, harcelées ou violentées par des hommes.

Les nombreuses remarques que nous recevons dans la rue ne nous font pas plaisir. Nous ne demandons pas à être jugées de la même manière que nous ne jugeons pas oralement les hommes qui passent sous notre nez. Celui qui juge se place toujours en situation de pouvoir face à la personne jugée. Ces comportements participent aux rapports de force dans l’espace public.

Ce qui nous amène à adopter moult comportements que nous ne remarquons même plus…

Sale pute !

A Paris, j’ai expérimenté le harcèlement sexuel au quotidien. J’avais peur de sortir. J’avais peur de rentrer trop tard. J’avais peur, dans la rue. Peur de me faire agresser, humilier, rabaisser, harceler…

Dans le métro, je m’asseyais sur les strapontins ou côté couloir afin de ne pas me retrouver bloquée par des hommes. Je ne mettais aucune robe ou jupe pensant me protéger. Si je devais rentrer tard, je me faisais accompagner. Quand je croisais un groupe d’hommes, je changeais de trottoir. Je mettais mes écouteurs pour ne pas entendre les réflexions, je baissais les yeux pour ne pas croiser les regards. Le soir, il m’est arrivé de craquer et de fondre en larmes.

C’est douloureux. Douloureux d’être une femme dans une société d’hommes.

Toutes ces attitudes, je les ai totalement intégrées à mon comportement quotidien. Parfois, quand je suis avec des amies ou mes soeurs, je me sens plus forte et je réponds, je m’insurge, je provoque. Mais combien de fois les ai-je laissés dire par peur de me faire taper ?

T’as oublié ta virginité sur ma bite

Ce n’est pas les femmes qui doivent se restreindre. Ce n’est pas aux femmes de s’éduquer, de se cacher et de s’adapter. C’est aux hommes de se comporter comme des humains.

Si tu te reconnais dans la dénomination “homme”, alors la première chose que tu peux faire, c’est déconstruire ton conditionnement et passer en revue ton comportement. Tu pourras, d’une part éliminer tes propres actes toxiques, d’autre part, informer tes ami.es sur la toxicité de leur comportement afin que nous puissions nous sentir en sécurité à l’extérieur.


Alors, et toi, c’est quoi ton expérience ?

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