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Grossophobie : 5 attitudes qui montrent que tu es conditionné.e

Je suis blanche, mince, femme cis-genre, hétérosexuelle et valide. Pour de nombreuses raisons, je suis privilégiée et parce que je suis déconnectée de certaines réalités, conditionnée par la société, il m’est arrivé d’être maladroite et de dire des bêtises. Ces bêtises, tu les entends peut-être tous les jours. Ces bêtises, tu les dis peut-être régulièrement à des ami.es ou des personnes de ta famille. 


J’écris donc cet article sans aucune prétention : je ne suis pas grosse. Je ne peux pas témoigner en tant que victime d’un système oppressif envers les gros.ses. Ce sont juste un listing de petites choses que j’ai apprises, pour te faire réfléchir si tu as déjà eu un comportement inapproprié envers des personnes grosses afin de lutter contre la grossophobie.

La grossophobie, kesako ?

La grossophobie, ce sont toutes les attitudes de violence et de discriminations envers les personnes grosses. Les personnes grosses souffrent bien entendu de  body-shaming, mais elles sont également discriminées dans le milieu professionnel, par exemple. 45% des demandeurs d’emploi estiment qu’il est légitime de refuser d’embaucher une personne grosse, du fait de son poids. 

Nous vivons dans une société où l’on nous apprend qu’être gros est l’opposé d’être beau, dynamique et compétent. Nous sommes imprégnés de différents préjugés qu’il nous appartient de déconstruire. Par exemple, la taille de la française moyenne, c’est le 42 ! Et le 42 n’est absolument pas considéré comme une taille moyenne, mais une taille au-dessus de la moyenne. Dans l’imaginaire collectif, la taille moyenne, c’est le 36 / 38. Les mannequins sont toustes minces voire maigres, les magazines de mode prônent des modèles très fins, quid des personnes grosses ?

La taille 42 n’est pas une grande taille : la moitié des françaises s’habillent au-delà du 42 ! Il est plus qu’urgent de voir émerger dans les magasins des panels de tailles allant jusqu’au 60 afin que tout le monde puisse s’habiller comme il l’entend sans avoir besoin de se rabattre dans le rayon homme ou de mettre un jogging par défaut et non par choix. Si cela reste rare en magasins, l‘offre fleurit sur le marché en ligne avec des plateformes comme Asos.

Mais pourquoi en ligne et pas en magasin ? Eh bien, très certainement pour conserver “une image de marque”. Les magasins mainstreams ne semblent tout simplement pas disposés à accueillir les gros.ses dans leurs rayons. S’ils ne proposent pas de taille au-delà du 44, c’est pour garder une clientèle mince et “flatteuse” pour l’enseigne. Injuste et discriminant, n’est-ce pas ?

Les personnes grosses sont discriminées dans les milieux de la santé, aller chez le médecin devient un véritable calvaire, car ce dernier commentera ton poids avant même de te demander les raisons de ta consultation. Tu resteras debout dans les transports en commun par peur d’importuner tes voisin.es en t’asseyant. Si tu tombes enceinte, on ne manquera pas de te signaler tous les risques que tu fais encourir à ton enfant et à quel point tu es une personne irresponsable. En achetant ton croissant le matin, lae boulangèr.e te fera une réflexion “vous êtes sûr.e de vouloir manger ça ?”.

Je t’invite à consulter le collectif Gras Politique ainsi que leur livre “Gros n’est pas un gros mot” si tu souhaites te documenter plus en profondeur sur le sujet. Tu y trouveras de nombreux témoignages.

1. Est-ce que tu as peur de dire gros.se ?

Le mot “gros” est un adjectif comme les autres. Tu n’as certainement pas peur de dire “mince”, “blond”, “blanc” et il devrait en être de même pour l’adjectif “gros”. Si tu as peur d’employer ce terme, c’est sûrement parce que tu as l’impression d’insulter la personne en face de toi ou de lui dire qu’elle est moche. Or il n’y a rien de honteux à être gros.se. Ca ne fait pas de toi une personne moche, sale, bête et fainéante.

C’est simplement l‘un de tes traits caractéristiques, comme la couleur de tes cheveux et ta pointure. ♥

2. Les réflexions irrespectueuses

Ne commente pas les repas de tes ami.es gros.ses. Eux ne commentent certainement pas les tiens, ni ta manière de manger. La prise de poids est une chose complexe qui s’articule autour de plusieurs axes et l’alimentation n’est pas la seule responsable : le cadre psychologie, la sécurité affective, l’hygiène de vie, les Troubles du Comportements Alimentaires jouent un rôle également. Tu ne peux pas te permettre de réduire une personne à son poids et de la juger en fonction de ce qu’elle mange. C’EST MAL.

Quand on parle d’obésité ou de surpoids, tout le monde s’auto-proclame médecin. Etre gros.se ne rime pas nécessairement avec mauvaise santé et être mince ne rime pas nécessairement avec une bonne santé. Tu te pourris la santé en mangeant un mac do que tu sois mince ou gros. Alors ne culpabilise pas les gens gros, s’ils doivent manger des choses particulières, ils le savent mieux que toi.

Si ta meilleure amie te demande si elle est grosse et que tu lui réponds “mais nan tu es jolie“, tu sous-entends qu’être belle n’est pas compatible avec être grosse. Sérieusement ? Tape Tara Lynn sur internet !

Une personne grosse n’est pas grosse par choix. Sinon, elle aurait choisi d’être mince, c’est beaucoup plus facile à vivre. Soyons bienveillant.es ♥

3. Rire aux blagues stéréotypées

Si l’une de tes connaissances fait une blague sur les gro.ses, ne rigole pas. Ce n’est pas marrant. Il y a une différence entre les moqueries et les blagues. Et ne me sors pas Desproges, car quand il caricaturait les juifs, c’était pour se moquer des antisémites. En rigolant à ce genre de blagues, tu encourages les stéréotypes et les idées reçues. Profites-en pour engager la discussion et déconstruire les idées de ton entourage.

4. Les propositions de régime

Je le rappelle, tu n’es pas médecin et même si tu es médecin, si la personne grosse en face de toi ne te demande pas conseils, ne lui envoie pas spontanément des idées de régimes. Déjà, parce que c’est irrespectueux : tu considères que son poids est un problème auquel tu te sens obligé.e de remédier. 

Les régimes alimentaires hyper restrictifs en vue de perdre du poids sont inefficaces et participent à créer un effet de yoyo très néfaste : tu perds 10 kgs, tu en reprends 15.

Les solutions les plus adaptées actuellement sont le suivi et l’accompagnement non culpabilisants par un.e nutritionniste. C’est une démarche qui doit être à l’initiative de la personne concernée si elle en ressent le besoin et qu’elle se sent prête. En tant qu’ami.e, parent.e ou proche, tu n’as pas le droit de faire culpabiliser une personne grosse qui ne serait pas suivie ou de l’inciter voire la forcer à rencontrer un.e professionnel.le.

5. Militer contre la grossophobie, ce n’est pas militer pour l’obésité

Bien sûr que personne ne veut voir se répandre l’obésité à travers la planète ! L’obésité est décrite comme suit par l’OMS :

Le surpoids et l’obésité se définissent comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui représente un risque pour la santé.

Militer contre la grossophobie, c’est militer pour un monde dans lequel les personnes grosses qu’elles soient malades ou non puissent vivre dans la dignité, sans craindre de discriminations liées à leur poids. Maria Darx, co-fondatrice du collectif Gras Politique, affirme que la grossophobie crée les gros.ses.

80% des personnes en surpoids ou obèse ont été élevées dans un environnement toxique : être gros.se, c’est être marginalisé.e voire être accusé.e de trahir sa famille.


Je t’invite à écouter Maria Darx qui englobera bien mieux ce sujet que moi. Je ne peux pas aujourd’hui aborder toutes les problématiques liées à la grossophobie.

En lisant son livre ou en écoutant les différentes sources que je t’ai donné, tu comprendras que la grossophobie touche principalement les femmes. Elles seraient de bons coups, beaucoup plus coquines et “gourmandes” au lit, mais ne seraient pas vues comme des partenaires de vie. Il y a une grande hypocrisie dans la manière qu’ont les hommes cishet de considérer les femmes grosses. J’y reviendrai sûrement un peu plus tard sur le blog !

J’espère que j’ai réussi  à te donner quelques pistes de réflexion sur cette forme de discrimination que je trouve trop méconnue. 

2 commentaires

  • JPaul

    Bonjour,

    Qui n’a pas lâché un jour un “hola, va falloir que je me mette au vert pour etc. …” en présence de quelqu’un qui, malgré le “vert” reste enveloppé. On a beau se sentir c.. et nul ensuite, c’est fait! et la personne en face affiche un demi sourire ;( et ce n’est qu’une bourde non intentionnelle;
    Et il y a bien pire dans les remarques grossophobes, hélas

  • Latifa

    En aout 2017 je frolais les 110 kilos avec mon mètre soixante quinze. J’ai bien quelques centimètres en plus que la moyenne et deux grossesses dans les pattes, pour autant je sais d’où je le tenais, cet IMC pachidermique. Nutella crème de speculoos caramel beurre salé et lunette au flan était ma workout routine journalière au petit dej, c’est dire que j’étais parée pour la journée. Et le reste des repas n’étaient pas en reste.
    Honnêtement, mon gras et moi, on s’entendait vachement bien. Et qu’est-ce que ça vous facilite la vie. Rien à foutre de ce que je mettais dans mon assiette, ça en fait du temps de gagné. Hum qu’est-ce que j’ai dans le frigo oh de la raclette, là du steak, oh un fond de mayo, nickel. Pas de prise de tête, ça passe tellement bien avec une bière en plus. Et puis le regard des autres ne m’a jamais affecté, j’avais d’autres soucis plus graves à gérer.
    Ce sont les problèmes de santé à répétition qui ont eu raison de mes steaktiflettes et autres brunshs ultra glycémiques.
    Actuellement je tape dans les 65 kilos. J’ai de moins en moins de problèmes de dos, j’ai évité deux grosses opérations des hanches et des genoux, autrefois allergique à pleins d’aliments mon organisme tolère de nouveau quasi tout, fini les oedemes de Quincke. Mais putain quelle galère de composer son repas, avec un minimum de sucre, un minimum de graisses saturées, un minimum de de de de tellement de choses. Tu perds un temps de fou à réfléchir comment composer ton assiette. Le confinement ça a du bon, parce que les soirées où tout le monde mange la même chose, c’est compliqué quand ton régime alimentaire ne te permet pas de taper dans tous les plats. Et je parle pas de mes levées à 05h20 tous les matins pour mon heure d’exercices que je répète le soir avant manger.
    Aujourd’hui je peux dire que quand je me regarde dans le miroir, je suis bonne, ultra bonne, jamais je pensais un jour être gaulée comme ça. Mais je suis pas heureuse. Enfin si, mais pas autant que je l’étais quand je pouvais me permettre de manger ce que je voulais sans me poser de question. J’aime tellement manger de bonnes choses, et devoir me passer de tant de plats, comme une simple viennoiserie, c’est si triste… Côté libido j’ai plus envie de rien. Rien de rien. C’est venu comme ça à mi parcours de ma perte de poids et les médecins ne l’expliquent pas.
    Tout le monde n’est pas gros pour les mêmes raisons. Moi c’est parce que j’avais choisi de vivre ainsi. Chacun a ses raisons propres. J’aimais bien être grosse. C’était tellement mieux avant. Mais le destin en a voulu autrement.

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